Sokoura, Mali : école et eau pour six villages
Mis en ligne le jeudi, 04/01/2007 - 12:25
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Le GERRIS crée un partenariat avec l'association Afrikarité Alsace. Le 5 décembre 2006, M. Claude Helleux, président de l'association Afrikarité Alsace, répond à nos questions qui donne lieu à la publication d'un supplément à notre bulletin de liaison. Résumé et informations...
Sommaire
Le climat et ses conséquences
— « En 2000, 2001 et 2003, les récoltes ont été très mauvaises. Que se passe-t-il alors ? La malnutrition progresse et la moitié de la population se déplace vers le sud. Une partie des habitants revient lorsque les conditions s’améliorent. Entre temps, les nombreux jeunes qui ont séjourné dans les villes surpeuplées ont subi le désœuvrement, l’abus d’alcool ou ont été exposés au risque du sida. La sécheresse entraîne donc des conséquences sociales et sanitaires graves et « explosives ».
L’érosion due à la sécheresse est un fléau insidieux qui n’apparaît que peu à peu. Le vent emporte les maigres sols et il ne reste que la latérite très pauvre. Pour avoir la même production, il devient indispensable d’augmenter les surfaces en culture. Les conflits « de frontière » entre villages peuvent alors dégénérer en violence extrême ».
Alimentation et santé
— « L’alimentation, à base de mil et de sorgho, est pauvre en vitamines : les enfants sont donc souvent malnutris. Les familles disposent bien de quelques poules ou de chèvres, mais ces animaux et les œufs sont avant tout vendus pour financer d’autres besoins domestiques.
La première cause de mortalité est le paludisme, il y a la toux et la diarrhée. Le secteur dispose de deux dispensaires dont l’un serait à reconstruire. Les conditions sanitaires y sont des plus sommaires : pas d’eau potable et un manque chronique de médicaments ».
Le combat par les arbres
— « Arroser un arbre ne fait pas partie de la mentalité locale. Nous faisons en sorte que chaque enfant parraine un arbuste et lui apporte un minimum d’eau et de soins. Grâce à cela, nous constatons que jusqu’à présent 35 à 40 arbres sur 100 plantés ont survécu ».
L'école : phase 2
— « L’école existante était en terre et toit de branches. Nous avons aidé à la réalisation d’un bâtiment en dur qui abritera trois classes d’une centaine d’écoliers (5 niveaux du CP1 au CM2). Un second bâtiment, avec un terrain de sports, est en projet ».
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De l'eau courante et potable
— « Une association américaine - World Vision - a réalisé un nouveau forage profond et à fort débit. Il faut maintenant distribuer cette eau en construisant un château d’eau qui sera équipé d’une pompe à énergie solaire. L’adduction d’eau vers les six villages nécessitera des canalisations sur 7 à 8 km. Chaque fontaine devrait pouvoir alimenter 15 à 20 habitants ».
La future gestion de l'eau
— « La gestion de l’eau posera deux problèmes : il faudra d’abord faire un effort d’éducation contre le gaspillage de l’eau, notamment par les enfants. Les femmes auront un rôle primordial à jouer dans ce domaine. La distribution de l’eau ne sera d’ailleurs pas gratuite : nous envisageons de poser des compteurs de débit à l’entrée de chaque village.
Un autre problème essentiel est celui de la maintenance du matériel : pompes, tuyaux et branchements. L’Afrique est parsemée de forages non entretenus et de pompes en panne !
Il faudra donc obligatoirement former des responsables dans chaque village ».
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Le climat et l’évolution démographique aidant, les puits traditionnels tarissent régulièrement ou ne délivrent plus d’eau de qualité. L’eau courante devient un enjeu de première importance.
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La place des femmes
— « Dans ce système polygame, les femmes ne peuvent pas prendre beaucoup d’initiatives : elles ont fort à faire pour s’occuper des nombreux enfants, de l’eau, du bois, des champs, de la fabrication de la bière de mil, etc. Nous insistons pour qu’elles soient présentes lors de la discussion des projets. Nous avons provoqué des réunions de comités de femmes : il y a alors énormément de demandes ».
Les besoins financiers
— « Pour la nouvelle école nous prévoyons un budget de 15 à 18000 €. L’adduction d’eau représente un projet de l’ordre de 300 000 €.
Dans tous les cas un bon apport de notre part, facilite les autres aides internationales.
A une autre échelle, lors d’une bonne année agricole, avec 20 €, on peut par exemple assurer l’équivalent de 6000 repas, et seulement 2000 à 3000 en année maigre, lorsque les denrées sont rares, donc plus chères. Il faut donc souligner que le moindre don sera utile ».
— « D’autres projets s’ajoutent au projet Ecole et Eau : création d’un potager et d’un grenier communautaires : ce magasin de stockage en dur, à l’abri des termites et de l’humidité, permettra de conserver des produits agricoles destinés à compenser les années défavorables. Acquisition de moulins multifonctionnels pour alléger le travail des femmes. Assainissement, parcs clôturés pour l’élevage ... ».
La gestion des projets
— « Nous redistribuons la totalité des dons obtenus. La somme est déposée dans une banque malienne où les retraits sont effectués sous la supervision de nos correspondants directs, les Pères Donat et Jonas, de la mission catholique. Afrikarité-Alsace demande un rapport financier pour chaque phase de projet ».
Afrikarité Alsace
Afrikarité Alsace est une association humanitaire qui, outre le projet de Sokoura au Mali, participe au développement local au Bénin, au Cameroun, en Côte-d’Ivoire, au Togo et à Madagascar.
Siège : 9, Avenue Houillon, 67600 SELESTAT.
Président : Claude Helleux.
Tél. 03 88 92 19 59 - www.afrikarité.org
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